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Problème Avec La Betuline...


pat21
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Voilà qui est intéressant. Et donc si je comprend bien ce que tu nous écris j'en conclu donc que en gros pour le paléo et peut être même le néo nous n'avons aucune preuve chimiquement ou techniquement prouvée de l'utilisation de brai de bouleau ou de bétuline comme adhésif? J'ai bien compris Bigfoot?

En fait c'est plus nuancé que cela.

Les échantillons de mastic (ou goudrons) analysé chimiquement sont rares et l'affirmation que le moindre mastic noir est du brai de bouleau excessivement courante. Comme toujours en archéo (et pour beaucoup d'autres sciences) il faut se méfier des données anciennes (c'est à dire avant 1980) les techniques de fouilles et d'analyses ont tellement évolué que des données anciennes sont très souvent remises en question

On retrouve des échantillons de mastic utilisé pour le scellement (ou le collage) d'armature ou de parties actives d'outils depuis le paléo moyen (à ma connaissance on a des pièces collées datant de 40 000 avt J-C.

Là ou ça devient cocasse c'est qu'en général les méthodes proposées pour la fabrication du brai de bouleau utilisent des récipients (en poterie ou des casseroles comme l'ami Hartung) et que la poterie n'apparaît que vers 5 à 6000 avt J-C .... excusez l'anachronisme .... mais ceci n'est pas encore le plus troublant !!!!

On connait au Moyen-Orient des scellement assez anciens en bitume ... une sorte de goudron naturel (voir la bible et l'histoire du berceau de Moïse)

le brai de bouleau pour ce que j'en avais lu il y a des années me semble être souvent cité dans la littérature germanique et la sphère d'influence allemande, mais ça ne veut pas dire charrette parce qu'il faut également insister sur le fait que le bouleau est surtout un arbre nordique et que les sites lacustres et les tourbières qui ont permis beaucoup de découverte de mastic sont souvent au nord de l'Europe et de l'arc alpin .....

Ceci dit on trouve autant de pointes de flèches et d'élément d'outils emmanchés dans le sud que dans le nord de l'Europe donc on peut supposer d'autres moyen de collage (dont sans doute des mastics à base de résine).

Je me souviens que les premières attributions de "brai de bouleau" ont été attribuée par similitude d'odeur entre des échantillons archéologiques que l'on avait chauffé et des produits provenant de la distillation du bouleau (bois et écorces) qui étaient encore commercialisé au début du 20e siècle sous le nom de goudron de Russie ou goudron de Norvège. Ces produits étaient commercialisé et utilisés pour le calfatage le traitement des bâches et le traitement de certains cuirs (dont si je me souviens bien des cuirs dit "de Russie". par la suite sont venus des analyse par chromatographie ou certains pics des chromatogramme ont été identifié à un produit spécifique la "bétuline" (mais je ne sais pas si la bétuline a déjà été isolée comme telle (voir *) )

On parle souvent de distillation d'écorce de bouleau voire de distillation à sec ou de distillation descendante mais il s'agit d'une décomposition des constituants de l'écorce de bouleau sous l'effet de la chaleur chimiquement une distillation ce n'est pas du tout çà (voir **). Le principe de "distillation" descendante. est attesté depuis le moyen âge (faudrait que je vérifie mes sources) mais on ne connait pas (ou du moins je n'ai jamais lu d'article ou on en présente) de fragments de poterie ou de poterie préhistorique qui attesteraient ce mode de production.

l'identification de la bétuline ou du brai de bouleau me pose aussi question d'un pont de vue de méthodologie scientifique. Je m'explique : en général en science on part du connu et on progresse vers l'inconnu par des séries d'hypothèses et d'expérimentation successives.

On a procédé de la même manière en archéologie (du moins en général) par exemple les pointes de flèches du néolithique moyen et récent ont été identifiée comme telles par analogie avec des pointes de flèches médiévales et modernes, par la suite d'autres types d'artefact en silex ont été identifié comme pointe de flèches (soit parce qu'on en a retrouvées emmanchées ou parce que certaines d'entre elles présentaient des dégats similaires à des pointes de flèches "évidentes". Ces dernières années la tracéologie permet d'affiner les diagnostics (à condition de disposer de données de références cad des copies modernes d'objets préhistoriques sur lesquels on reproduit des traces d'usages définies (mais je ne vais pas trop m'étendre sur le sujet je suis en congé ...)

Dans le cas de l'identification du brai de bouleau, il faudrait (et à ma connaissance ça n'est pas encore fait de manière systématique ou du moins sur des échantillons significatifs) comparer les échantillons archéologiques par rapport à des échantillons modernes dont les qualités et les méthodes de fabrications sont connues. (M Regert que j'ai cité dans ma précédente intervention ne disait pas autre chose quand je l'ai vue lors d'un workshop en juin)

comparaison osée : les archéologues nous disent qu'ils identifient des clous parce que les objets retrouvés sont allongés et présentent une extrémité pointue et de l'autre coté une tête large aplatie (vous trouvez pas que ce genre de description aussi peu précise correspond aussi à une vis à bois ???????????????? :hmmm: )

bien sûr comme je l'ai dit précédemment la composition chimique de ces produits évolue en fonction de leur histoire thermique propre ....LE PROBLEME N'EST PAS SIMPLE IL FAUT LE PRECISER. un exemple pour expliquer : si je prend un échantillon de brai et que je le sépare en deux pour en donner une moitié à ce grand sauvage de pedro; il y a fort à parier que si nous ne nous entendons pas sur un mode opératoire commun pour son chauffage (temps et intensité du chauffage) et son utilisation, les prélèvements qui seraient fait sur nos collages présenteraient des différences à l'analyse ......

* la bétuline : je ne sais pas ci ce produit a été identifié formellement ailleurs que dans le milieu archéologique. Existe t'il une formule type de ce produit , correspond elle à un produit de synthèse ????? (j'ai des doutes mais je ne demande qu'à les dissiper ....)

** La distillation n'est pas un processus de fabrication mais bien un procédé de séparation. Par exemple quand on à fait fermenter du grain ou du sucre avec de l'eau on obtient un mélange d'alcool (de nombreuses substances différentes) et d'eau et par distillation on séparera l'alcool éthylique (comestibles) des autres (qui sont toxiques et de l'eau).

Voilà j'ai été très long, j'espère pas trop bordelique si vous avez des questions n'hésitez pas .....

Ceci dit ma conclusion est : je crois que le brai (ainsi que sans doute d'autres mastics) a été utilisé et produit dès la préhistoire, mais je pense que les modes de production restent énigmatiques et que l'identification se fait souvent abusivement sans autre certitude que l'aspect et la couleur.

PS une petite expérience de chimie amusante pour les curieux : récupérez un bouchon de liège (vin, mousseux ou champagne, ca tombe bien demain vous devriez pouvoir en récupérer ....) et de l'écorce de bouleau. faites bruler l'écorce de bouleau et sentez l'odeur de la fumée .... répêtez la même opération avec le bouchon en liège ......

et pourtant il n'y a pas de bouleau dans les bouchons en liège ....

Edited by bigfoot
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Je connais l'article et pour moi cette analyse tient la route mais ils parlent de brai de bouleau ou de feuillu et je crois me souvenir qu'à chalain ils ont trouvé des brai de chêne et de hêtre

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Yep.........

j'ajouterai que coller une pointe n'est pas une priorité.

J'ai vu aux archives de Fribourg une vraie pointe assez émouvante , comme si le gars l'avait faite la veille, qui gardait une trace de ce que j'aurais pensé être du brai de bouleau (vous me foutez le doute, bande de.... :06: .....) qui en fait ne faisait que suivre les côtés du fût enserrant la pointe, rien qui fasse penser à un collage solide.

J'avais posté la photo, pas moyen de retrouver.

Je me demande s'il ne s'agissait pas juste d'imperméabiliser, ou de fixer juste pour pouvoir ligaturer.

Une flèche n'avait pas pour objet d'être tirée plusieurs fois dans une cible comme les notres le font maintenant.

Soit elles étaient dans la viande et récupérables, soit elles étaient à côté, et tant pis.

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très intéressant et passionnant exposé sieur bigfoot !

par contre, pour le goudron de Norvège....qui soit dit en passant est toujours produit, c'est du goudron de pin me semble t'il.

et merci pour l'info concernant le cuir de Russie !

cette odeur rappelle celle de "l'osmoderma érémita" plus connu sous le nom de "pique prune" coléoptère inféodé au vieux arbres.

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Ca c'est de la réponse!! Merci! Et comme toujours ça ramène des chiées de questions. Mais du coup, ton dernier post Mr Bigfoot, veut il dire qu'on peut faire une colle de brai de chêne ou de hêtre?

Je pense (personnellement j'en suis sûr mais la certitude absolue n'est pas une attitude scientifique) qu'on peut faire des goudrons avec tous les végétaux.

J'avais trouvé il y a quelques années un livre sur la "distillation du bois". Ecrit avant la 2e guerre le bouquin donnait pas mal d'infos dont des rendements de production par variétés de bois et il disait (sans surprise) que les meilleurs bois en terme de production de goudrons étaient les résineux

Un autre petit bouquin (acheté il y a des années en vacances à Briançon) faisait le point sur les fours à cade qui existent encore de ci de là en Provence et sont parfois interprétés erronément comme des fours à boulet. L'auteur expliquait que ces fours étaient initialement destinés à la production de goudron de bois de résineux pour le calfatage des bateaux .... Que les plantations de pins en Provence étaient une conséquence de l'installation d'un arsenal maritime à Toulon à l'époque de Louis XIV (l'arrière-pays devait produire un maximum de matériaux nécessaire : le goudron pour le calfatage des coques et le goudronnage des cordage, les troncs de pin pour les mats)....

Là où l'histoire devient anecdotiquement amusante c'est quand l'auteur explique qu'à l'arrivée de la marine métallique certains fours ont été abandonnés et que d'autres ont été utilisés pour la production de goudron et d'huile de cade destinées à soigner certaines blessures chez les moutons ..... L'huile de cade a ensuite était utilisée dermatologiquement chez les humains et a donné naissance au savon CADUM que l'on trouve encore actuellement (normalement les productions actuelles de savon cadum contiennent encore quelques % d'huile de cade)

Même la combustion du tabac donne du goudron (c’est précisé sur les paquets …) j’en avais d’ailleurs récupéré un échantillon de quelques grammes dans un cendrier de sécurité (Grâce au couvercle en forme d'entonnoir, les déchets tombent automatiquement dans le cendrier. La forme en entonnoir du couvercle empêche l'afflux d'oxygène: les flammes s'étouffent d'elles-mêmes) de mon ancien boulot : les bords de l’entonnoir du cendrier était couvert d’un dépôt de goudron !!!!

Pour ceux qui cherchent du brai facile et qui se chauffent au bois : les cheminées agissant sur les fumées comme des colonnes de distillation concentrent les goudrons à une certaine hauteur. En ramonant on décroche régulièrement des paquets d’agglomérat de suie et de goudrons …. Voir la photo ci-dessous avec quelques résidus issus de ma cheminée .

Si on les chauffe gentiment ils ramollissent et deviennent pateux et utilisables en mastic (ils sont sans doute fort riches en suie et en particules fines agglomérées aux goudrons)

Mais cela nous éloigne des pointes de flèches .....

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alors, fort de tous ces avis éclairés et avisés j'ai testé plusieurs type de collage....

betuline, bof bof !

ça reste toujours un peu pateux.

colle animale, c'est déjà mieux mais ça demande un ajustage fin avant collage, mais quand c'est bien fait ça bouge pas...associé avec une ligature en tendon et c'est bloqué.

mais le mieux à mon idée c'est le mélange résine de pin....sous forme de collophane pour moi et de cire d'abeille.

j'ai rajouté du charbon de bois pilé pour la couleur.

voilà comme je procède ;

avec un décapeur thermique....c'est pas très préhisto mais pour les test je fais au plus simple !!!

je chauffe le mélange qui fond très vite et devient liquide....et c'est ça qui fait la différence...

en même temps je chauffe l'ensemble fut/pointe ce qui va permettre au mélange de filer partout dans le moindre lacunaire.

reste plus qu'à déposer le mélange liquide et chaud résine/cire par petites touches successives.

le fait que la pointe et le fut soit chaud empêche la "colle" de figer avant de s'être infiltrée partout.

une ligature tendon par dessus et zou !!!

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alors, fort de tous ces avis éclairés et avisés j'ai testé plusieurs type de collage....

betuline, bof bof !

ça reste toujours un peu pateux.

colle animale, c'est déjà mieux mais ça demande un ajustage fin avant collage, mais quand c'est bien fait ça bouge pas...associé avec une ligature en tendon et c'est bloqué.

mais le mieux à mon idée c'est le mélange résine de pin....sous forme de collophane pour moi et de cire d'abeille.

j'ai rajouté du charbon de bois pilé pour la couleur.

voilà comme je procède ;

avec un décapeur thermique....c'est pas très préhisto mais pour les test je fais au plus simple !!!

je chauffe le mélange qui fond très vite et devient liquide....et c'est ça qui fait la différence...

en même temps je chauffe l'ensemble fut/pointe ce qui va permettre au mélange de filer partout dans le moindre lacunaire.

reste plus qu'à déposer le mélange liquide et chaud résine/cire par petites touches successives.

le fait que la pointe et le fut soit chaud empêche la "colle" de figer avant de s'être infiltrée partout.

une ligature tendon par dessus et zou !!!

je fais pas autrement au boulot sauf que je chauffe le mélange sur une plaque électrique. Comme toi je passe plusieurs couches si nécessaire et puis je lisse avec les doigts (éventuellement mouillé) parfois ça laisse des empreintes digitales (comme sur certains collages préhisto !!!)

parfois je coule ma résine sur une plaque de verre (70 % résine, 30 % cire)

je laisse sécher et ensuite je récupère la feuille avec un grattoir de peintre

Je plaque alors la "feuille de mastic" que je met en forme par pression au doigt

faut dire que comme je dois souvent faire les projectiles par série de 30 .....

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Et tu enduis la ligature de colle de peau je suppose ?

le filament de tendon est trempé dans la colle d'os, je ligature et je laisse sécher une journée.

ensuite j'applique le mélange resine/cire par dessus pour étanchéifier la ligature.

cette mixture est vraiment formidable, facile à faire, facile à travailler et surtout très efficace dans le but rechercher.

pour l'instant que du positif.

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le filament de tendon est trempé dans la colle d'os, je ligature et je laisse sécher une journée.

##

une heure ou deux sur le radiateur, ca suffit largement.......en été une heure ou deux au soleil ca marche aussi.

ouais, mais ça laisse pas le temps de soufler !! :06:

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  • 1 year later...

Petit complément sur mes essais de colle.

Dernièrement j'ai fais une fournée pour du brai de bouleau.

Une fois le goudon obtenu j'ai rajouté en gros la moitié du poids en résine de pin plus une grosse pincée de charbon de bois pilé. 

Résultat plus que concluant !

Ça reste dur même par forte chaleur tout en gardant une certaine mais modeste souplesse. 

Une fois appliqué ça reste suffisamment moux pour permettre le collage des plumes, par exemple. 

Adopté pour moi !

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Merci pour ce retour Pat. 

Est ce qu'on peux dire que le point de fusion est plus bas en rajoutant de la résine? Pour avoir collé des empennage au brai, j'ai trouvé que le brai durcissait trop vite et que passer l'empennage près du feu en cours de collage était périlleux pour les plumes... tant mieux si cela réduit le problème. 

Et sinon, la résine ne rend pas le brai trop cassant?

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Il y a 3 heures, Link a dit :

Merci pour ce retour Pat. 

Et sinon, la résine ne rend pas le brai trop cassant?

À voir avec le temps.

Mais froid le mélange garde une certaine souplesse sous l'ongle.

En plus la charge en charbon de bois devrait limiter le risque.

Pour ce qui est du point de fusion, difficile à dire sans mesures précises....même à la louche c'est dur à dire !

Disons qu'avant mes collages au brai de bouleau avaient tendance à ramollir et couler dès que la température approché les 30°.

Avec ce mélange,  ça bouge pas à cette température. 

Edited by pat21
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