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L'archer Anglais Selon Robert Hardy


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A quelques jours de l'agrégation d'histoire, alors que je compulse mes fiches, je me dis que mon petit topo sur l'archer anglais médiéval, construit principalement à partir de l'article de Hardy Robert (« L’archer anglais pendant la guerre de Cent Ans » in L’Homme armé en Europe XIV°-XVI°s, Cahiers d’Etudes et de Recherches du Musée de l’Armée, n°3 (2002), pourrait intéresser d'autres personnes que mon jury...

J'ai essayé de gommer au maximum mes abréviations afin de rendre le tout lisible, mais cela reste une fiche de révision et ce n'est pas exhaustif (bataille d'Azincourt détaillée dans une autre fiche par exemple). De plus, j'ai du laisser passer une floppée de fautes d'orthographes. Bref, bonne lecture et s'il y a d'autres agrégatifs-archers, qu'ils en fasse bon usage, c'est offert de bon coeur !

L’archer anglais pendant la guerre de Cent Ans

► Sources archéologiques : Naufrage du Mary Rose en 1545, épave exploitée dans les années 1980. Il contenait l’équipage, des soldats, plusieurs canons et 250 grands arcs en bois d’if, 700 cordes d’arc, 16 000 flèches et 200 pieux d’archers.

I. L’arc : la Kalashnikov du Moyen-âge

A. L’arc, aspects matériels

→ Le fameux Long bow, de 2m de haut, est fait dans le meilleur des cas à partir d’une seule branche d’if. Le meilleur if utilisé était importé d’Espagne, d’Autriche, de Pologne, d’Allemagne (rarement de Fr !). C’est-à-dire des pays à hivers rigoureux et à été très chauds où le bois était en conséquence plus dense que celui des ifs de l’Angleterre et du Pays de Galles. Mais ce dernier fut aussi certainement utilisé.

• L’arc du M.A représente un poids de tension de 90kg = Les archers d’aujourd’hui tirent en général avec des arcs de 27kg ! = > Pratique dès le plus jeune âge + Technique précise : on ne tire pas l’arc à la force des bras mais à la force du corps.

→ 2 sortes de flèches :

1. Lourdes pesaient, entre 100 et 150g, munies d’une pointe d’acier de forme triédrique voire tétraédrique qui perçaient à coutre portée de bonnes armures de plates.

2. Légères, entre 60 et 75g, équipées de pointes légères à petites barbes, capables de percer cottes de mailles et plates légères à courte distance et surtout qui avaient un effet dévastateur sur les chevaux. Ces dernières pouvaient être tirées jusqu’à 270m.

= > Tirée en hauteur et reprenant de la vitesse lors de sa courbe descendante, une flèche de 100g représentait au moment de l’impact environ 46kg. De quoi tuer net un cheval et briser les armures.

→ L’objectif de ses arcs « lourds » n’est pas d’harceler l’ennemi, de le contraindre à baisser la tête et de faire paniquer ses chevaux (archers des steppes) mais de stopper l’avance de la cavalerie en tuant chevaux, hommes d’armes et piétons sous une pluie de flèches.

B. L’archer anglais : une formation continue

→ Edouard Ier = entraînement régulier des archers en Angleterre par pratique sportive dimanches et jours de fête. Les archers sont en général des paysans aisés, des yeomen, souvent issus des comtés de l’Ouest (Cheshire surtout). Les nobles ont une entière confiance dans les archers. Mus par un esprit de corps, bien payés (6 pence par jour), attirés par les butins futurs et en général forts d’une indulgence royale en cas de crime [• 1340 : 850 archers reçoivent une grâce royale] = Volontaires.

→ Organisés en groupe de 20 sous l’autorité d’un « vintainier », de 100 avec un « centenier » à leur tête et enfin de 1 000 sous les ordres d’un « maréchal des archers » = inspiré du modèles romain. Chaque compagnie compte dans ses rangs un prêtre, un chirurgien et un « crieur ». De cette façon, les ordres concernant la portée, la direction de tir, le mouvement pouvaient être vite transmis du trompette du maréchal aux centeniers et vintainiers et donc vite reçus par les plus petites unités composant les grandes formations d’archers.

→ Porte une livrée ou une demi-armure ou une « jaque » (casaque en cuir bouilli parfois renforcé de métal) = Plutôt bien équipés.

• 1359 : 1million de flèches, 250 000 arcs et 75 000 cordes d’arc sont entreposés à la Tour de Londres.

C. L’arc comme représentation mentale

→ L’arc à une lourde signification culturelle. Arme du héros antique (Ulysse, Diane, Eros), propulsion presque magique ≠ Arme diabolique in imaginaire chrétien (cavaliers de l’Apocalypse, bourreaux de St-Sébastien, musulmans). Anges combattent à l’épée, l’arme noble et loyale, celle du corps à corps. Dans les guerres féodales, les armes de jet qui permettent à un manant de tuer un prince sont déloyales. Au XII°s, l’Eglise a même tenté d’interdire l’arbalète. = > L’adoption massive de l’arc par l’armée anglaise est donc une véritable révolution culturelle, le triomphe du pragmatisme sur les traditions chevaleresques.

II. Tactique et utilisation de l’archerie

A. La bataille de Bannockburn (1314) : Le contre-exemple

→ Les Ecossais tiennent une position défensive préparée à l’avance avec des trous et des tranchées pour gêner la cavalerie anglaise. Celle-ci charge sans que les archers ne prennent vraiment part à la bataille. Coupés des hommes d’armes, archers anglais sont mis en déroute. = > Sans soutien, en rase campagne, archers vulnérables.

B. La bataille de Dupplin Muir (1332) : Le grand tournant

→ Armée anglaise d’invasion de 2 000 hommes dont 1 500 archers VS force bien plus importante d’Ecossais. Les Anglais se replient jusqu’à un talus encadré par des bois, mettent pied à terre et forment une seule « bataille » d’hommes d’armes, avec archers aux ailes, disposés obliquement par rapport à la formation centrale. Ils creusent des trous pour gêner la cavalerie adverse. Le centre de la ligne que les Ecossais attaquent se transforme en un champ de carnage, mitraillés de face et de flanc. Pertes disproportionnés : Enormes du côté Ecossais, 33 morts du côté anglais. Et pas d’archers. Aucun Ecossais n’avait pu les atteindre.

= > C’est l’invention de LA grande tactique employée durant les grandes batailles de la guerre de Cent Ans.

C. Crécy : la victoire de la discipline

→ Tir massif de 6 à 7 000 archers qui détruit arbalétriers génois et cavalerie française. Les archers stoppèrent 15 ou 16 charges de la cavalerie française qui n’atteint que très difficilement la ligne d’hommes d’armes démontés anglais. Lors de la retraite des français, les archers anglais maintiennent leurs positions et ne le poursuivent pas.

= > Discipline de fer imposée par Edouard III et ses capitaines. Raison 1ere de l’invincibilité des Anglais, surtout en un temps où les armées étaient composées en grande partie de non-professionnels n’hésitant pas, eux, à fuir.

• 1352 : Bataille de Mauron : Une aile d’archers anglais se débande face à la progression française. La bataille est tt de mm gagnée grâce au mouvement tournant effectué par l’autre aile d’archers. Cependant, le capitaine anglais, Sir William Bentley, gravement blessé, et si furieux de ce geste d’indiscipline qu’il fait décapiter 30 des archers qui avaient pris la fuite.

Edited by Cigalou
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alors, pour la (le) jaque, ce n'est pas une coiffe, mais un vêtement, essentiellement composé de lin

en cherchant bien, il y a un magnifique sujet de Cécile sur la confection d'un jaque

http://www.webarcherie.com/forum/index.php/topic/32749-jaque-darcher/

sinon, pour percer une armure, il faut avoir à l'impact un angle d'incidence proche de 90° par rapport à la surface touchée, sinon ça ricoche...

en revanche, les impacts répétés et parfois douloureux sans nécessairement être mortels ajoutés aux réactions du cheval qui, même caparaçonné, en prend aussi, font que la stabilité d'un cavalier en armure sous une grêle de flèches peut être rapidement compromise et le transformer rapidement en piéton, dans le meilleur des cas, voire en "tortue retournée sur le dos", vu le poids de l'armure, et en faire une victime désignée pour les rançonneurs et égorgeteurs de tout poil :)

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Historiquement la puissance d'un arc est exprimée en livre (0,453592 kg), ça évite à quelqu'un qui n'est pas archer de faire une confusion entre le poids et la puissance.

Et dans mes souvenirs , il faut que je retrouve les références biblio, face à une armure de plate il n'y a que la bobkin qui est efficaces pour ouvrir l'acier comme un poinçon. La passadou est plus destinée à se "glisser" entre les anneaux d'une cote de maille et traverser le jaque dessous.( désolé Cécile )

passadoux.jpgtype10_bodkin.jpg

Les pointes à lames sont pour "taper" dans le mou.

En résumé, les volées groupées destinée à briser une charge de chevaliers caparaçonnés ça va être de la bobkin, pour du fantassin en cote de mail du passadou et les lames pour la piétaille.

Edited by LoG
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