Bonjour j’aimerais porter à la connaissance des membres de WA ce qui s'est passé ce WE aux Championnats de Belgique. Avec l'accord des modérateurs je publie ici un article qui est paru sur FB et dont voici le lien. https://www.facebook.com/notes/pierre-godichal/championnat-de-tir-%C3%A0-larc-de-belgique-2014-v13/10152061838567795 Je vais vous conter mon expérience. Je suis membre du club de tir à l’arc ABA, club ayant accueilli l’édition 2014 du championnat national de tir à l’arc en intérieur de Belgique. Je commencerai par les faits, rien que des faits, en restant le plus neutre possible, en ayant récolté, sur place, les différents témoignages. Je finirai avec mon ressentiment personnel mais malheureusement partagé par beaucoup de monde. Les faits Pour les personnes qui liront cet article et qui n’ont pas connaissance de l’état de notre pays, voici un bref résumé : le pays est divisé en 2*3 parties. La partie communautaire : les néerlandophones (aussi appelés Flamands), les francophones (aussi appelés Wallons) ainsi que les germanophones. La partie régionale quant à elle est divisée comme suit : la région flamande, la région wallonne et la région de Bruxelles-Capitale. Depuis des années et jusqu’à ce jour, nous devons faire face à des problèmes communautaires. Nous sommes manifestement de cultures différentes, et nous devons souvent composer avec les problèmes inhérents. Comme dans tout système multi-communautaires, il existe des gens modérés, des neutres et des extrémistes, et, comme dans toute manifestation nationale (sportive, politique, etc.), toutes ces différentes personnes sont représentées. Je parle ici dans le texte de « cibles » et « blasons ». Une cible est un réceptacle de flèches. Lors du championnat, c’était un gros bloc de mousse condensée (vous connaissez surement le rond de foin compressé) sur lequel sont accrochés 2 ou 4 blasons (selon les tailles et l’espace disponible). Un blason est le dessin de ronds concentriques dont il faut viser le centre. Samedi 15 février 2014 : Championnat jeunes (cadets, benjamins, etc.) La veille, il nous a été demandé de rajouter l’inscription de 17 jeunes in extremis. Nous avons alors répondu qu’il n’était pas possible de les rajouter si tard, les inscriptions étant terminées officiellement le 7 février. Nous avons alors reçu comme réponse : « Soit vous les inscrivez, soit les jeunes de la partie flamande du pays ne viendront pas ». Premier échec essuyé, nous avons donc cédé à une forme de chantage. Nous avons alors dû rajouter 3 cibles pour accueillir les nouveaux archers non prévus. N’en ayant de fait pas assez de nouvelles, nous avons dû prendre des anciennes. Ces 3 cibles ajoutées étaient d’une qualité moindre, ce qui a été constaté le lendemain. Nous avons donc commencé au matin, plutôt désorganisés. Les « dossards » personnels n’étaient pas bien triés, imprimés en double, etc. De plus, au niveau des blasons, nous avons également tout dû recommencer, beaucoup avaient des problèmes de taille de blason (au tir à l’arc, en championnat, selon notre catégorie de tireur, nous devons tirer sur des blasons plus ou moins grands. Je vais éviter d’écrire les règles ici, qui, il faut l’avouer, sont plutôt complexes) Ces différents problèmes passés, les tirs de qualification ont pu débuter. A priori sans trop d’encombres. Quelques erreurs de calculs ci et là et incompréhensions (l’arbitre francophone n’arrivant pas à expliquer aux néerlandophones, heureusement que certaines personnes du club ont pu jouer les interprètes), mais rien de grave, à posteriori. Les blasons dégradés étaient changés à temps. Entre 2 séries de tirs, nous avons remplacé le « mur de cibles » (tous les blasons pour une nouvelle série avec des nouveaux tireurs) dans un temps plus qu’acceptable. Nous avons d’ailleurs été félicités par beaucoup de personnes sur ce point (qu’elles soient wallonnes ou flamandes) Nous nous sommes alors heurté au premier problème majeur (et vraiment pas des moindres) : la lenteur de l’encodage des points. L’inscription tardive de membres, ainsi que la lourdeur du programme d’encodage utilisé nous ont fait perdre 2 heures, temps durant lequel les jeunes n’avaient d’autre choix que d’attendre. Rajoutons à cela le fait que les personnes encodant étaient régulièrement dérangées pour des problèmes d’orthographe dans les noms, voire prises à parti (les encodeurs ne sont ni arbitres ni représentants de ligue, ils ne font qu’introduire les points dans le programme). Force nous a été de constater que ces réclamations venaient encore une fois d’une partie de la branche flamande. A ces problèmes d’encodage se sont rajoutés des différences entre le calcul des points reçus au secrétariat, ainsi que le calcul des membres. Pour information, ces calculs sont effectués par les archers, qui sont plusieurs sur la même cible, pour confirmer les dires. En cas de doute, un arbitre est appelé à trancher. Une fois la série finie, les 2 feuilles de marques sont signées par le preneur de notes et le tireur, feuilles de marques censées avoir le même résultat. Après les premiers résultats, nous avons eu SEIZE réclamations, toutes venant d’archers néerlandophones, ce qui est énorme, car il est plutôt rare d’avoir plus d’une réclamation. Après re-vérification, l’encodage n’était pas en cause, mais bien les feuilles de marques qui étaient différentes. Les représentants de ligues ont accepté les changements, sous la menace (sinon, il y avait appel et les personnes concernées bloquaient tout). Ces nouveaux problèmes, et l’encodage toujours en cours ont fini, au total, par nous faire perdre plus de 3 heures et demie. Pendant ce temps d’attente, le club ABA proposait une seconde salle de tir dans laquelle les archers pouvaient s’échauffer. Rien ne nous y obligeait, et nous avons reçu beaucoup de remerciements pour cette salle. Après ce temps d’attente, les arbitres ont tout d’abord annulé le tir, après quoi certains tireurs sont partis, précipitamment, et dégoutés. Cinq minutes plus tard, ils demandaient un vote des tireurs restants pour savoir s’ils voulaient continuer ou non, leur faisant bien savoir que le championnat se terminerait fort tard (23h passées). Une écrasante majorité des archers ont voté pour la poursuite du championnat. La salle se réorganisait pour démarrer les éliminatoires (16e de finales) avec, au final, 4 heures de retard. Une fois prêts, les arbitres ont reçu des plaintes de la part de plusieurs néerlandophones, les obligeant à annuler le concours après concertation. Du jamais vu ! (vraiment) Le championnat de Belgique annulé, les archers sont repartis, passablement dégoutés. Le club accueillant a été très mal vu du fait de la désorganisation générale, qui n’était qu’en partie de son fait. La salle fut alors réorganisée, malgré la démotivation générale de ses membres, pour le championnat adulte du lendemain. La ligue d’archerie belge a alors choisi de prendre les choses en main et de s’occuper de toute la partie informatique du championnat. Inscriptions et encodage se ferait avec leur programme, et leur aide. ABA ne devait alors plus s’occuper que de la partie logistique. Dimanche 16 février 2014 : Championnat adultes La veille au soir, mais surtout au matin, nous avons mis en place une nouvelle organisation qui nous ferait perdre beaucoup moins de temps. Les « dossards » étaient déjà tous classés par clubs et par ordre alphabétique, la file de l’accueil s’est résumée à une moyenne de 45 secondes par personne, attente, réception et inscription informatique incluses (grand maximum 3 minutes). Autant dire que nous n’avons pas eu de file. Un bon point par rapport à samedi. Les qualifications ont débuté dans les temps ; le changement des blasons s’est fait sans accroc, aucune erreur. Autant dire que la matinée annonçait une journée sensiblement différente de la veille. Les qualifications des compounds (ou arcs à poulies en français) terminées, l’encodage des points fut fait pendant les qualifications des recurves (ou arcs classiques en français). Le classement des premiers fut terminé avant que les seconds n’aient terminé. La seule ombre au tableau : le matériel des archers a été vérifié par les arbitres flamands (les normes, le règlement) au milieu des qualifications compound, et à la fin des qualifications recurve, sans interrompre celles-ci. Ces vérifications sont censées être effectuées avant le début du championnat, et non pendant. Notons que les arbitres wallons n’ont rien vérifié, une erreur de leur part à n’en pas douter. Cependant, plusieurs commentaires m’ont été faits comme quoi les arbitres ne vérifiaient que le matériel wallon. Tout le monde était en règle, le championnat pouvait donc suivre son cours. Témoignage reçu de la part d’un membre de l’équipe nationale belge de tir à l’arc (pour l’extérieur, donc) : L’arbitre B. était en train de discuter avec un archer dit de l’élite flamande. Elle essayait de discuter gentiment afin de calmer les esprits. L’archer en question lui répond que, s’il a besoin d’un arbitre, il veut un Flamand et qu’il ne reconnait pas l’autorité des arbitres francophones. Mais pour qui se prend ce mec ? Il est qui cet archer pour parler comme ça à un arbitre et surtout de tenir des propos d’autant plus insultants. On peut donc constater plusieurs choses ici: Les arbitres belges de ce championnat sont affiliés à la LFBTA (ligue francophone), HBL (ligue flamande), mais aussi à la RBA (Royal Belgian Archery). Ils doivent donc suivre le même règlement, qui n’est ni le règlement de la LFBTA, effectivement, ni celui de la HBL ! De tels propos devraient valoir l’exclusion, voire la disqualification du sportif, et ce, quelle que soit la discipline sportive. Cependant, au vu du contexte actuel de notre pays, comme il s’agit de commentaires communautaires, on essaye de composer avec ça… Outre les problèmes liés au règlement, on peut constater ici un réel manque d’esprit sportif, de même qu’une manifestation politico-xénophobe lors d’une manifestation sportive. Les éliminatoires ont alors commencé, à savoir les 16e de finale, compound. Après quelques volées, un arbitre flamand a estimé que l’un des tireurs portait une tenue non règlementaire. L’ensemble des arbitres ainsi que les représentants de la ligue, après réunion, ont conclu plusieurs choses: la tenue était règlementaire. la vérification du matériel & de la tenue ne doit être faite qu’AVANT tout tournoi. L’arbitre ne peut vérifier le matériel ou la tenue pendant un tournoi que s’il y a modification de ceux-ci (et l’archer doit en informer l’arbitre). pour régler le problème présent, en plus du point 1-, il a été décidé que la vérification ayant été ultérieure aux qualifications, elle est tout simplement invalidée. L’arbitre marquant son désaccord et son désir de ne plus vouloir arbitrer le championnat dans de telles conditions, il a été décidé, de la part des arbitres restants et de la part des représentants de la ligue, la révocation du dit-arbitre pendant le championnat (une mise-à-pieds, en quelque sorte). Suite à la révocation de l’arbitre (qui a été saluée par la plupart des sportifs présents dans la salle, Flamands comme Wallons), il a fallu le remplacer. La seule personne habilitée à le faire ce jour-là est le président du club ABA, arbitre reconnu et francophone. Le tournoi a repris sur une seule volée. Une nouvelle plainte a été déposée avec comme motif que la parité des arbitres flamands et francophones sur le pas de tir n’était pas respectée. Il a été décidé que le tir continuerait en attendant qu’une décision soit prise sur ce dernier point. Par la suite, l’arbitre révoqué s’est placé entre les tireurs et les cibles, quelques secondes après que l’autorisation de tirer fut donnée, faisant fi de toutes les mesures de sécurité inhérentes à la pratique de notre discipline. Rappelons que l’arc, historiquement parlant, fut inventé dans le but de chasser, donc de tuer. Les mesures de sécurité sont indispensables pour éviter tout accident pouvant blesser quelqu’un, voire pire ! Cet arbitre a ensuite appelé les membres extrémistes de la délégation flamande à se placer au milieu du terrain, avec lui, organisant de ce fait une manifestation politico-xénophobe là où nous aurions dû assister à une manifestation sportive. Mais pis encore, faisant cela, il a incité un groupe à se mettre en danger avec lui, après avoir lourdement déçu les autres tireurs. Heureusement, personne n’eût le sang assez chaud que pour commettre un acte dangereux. Notons que lors d’autres manifestations sportives, il arrive aussi des évènements violents, voire funestes, lorsqu’un groupe de personnes est énervé (citons les hooligans pour l’exemple) Au vu de l'impossibilité de trouver un arrangement avec ce genre de personnes, malheureusement, le vice-président de la ligue belge et président de la ligue francophone ainsi que le président de la ligue flamande, présents ces jours-là, ont alors remis leur démission. Décisions que nous regrettons mais comprenons. Dans le but d’éviter que cet acte fasse place à une émeute, la police a été appelée, et, heureusement, aucun incident physique quel qu’il soit ne fut à déplorer. Conclusion Il y avait certainement des problèmes d’organisation interne le samedi, problèmes que nous avons pris à bras-le corps pour le lendemain, et ça a marché. Le club organisateur a donc, pour le samedi, une part de responsabilité quant aux problèmes d’organisation du championnat, ne nous voilons pas la face en accusant les extrémistes de tous les maux, qui ont, au final, aggravé la situation. Par contre, pour le dimanche, l’organisation n’est nullement en cause. Il y avait une volonté manifeste de certains de saboter le championnat et tout prétexte était bon à prendre. Les problèmes mineurs rencontrés sont des problèmes que l’on peut souvent voir dans tout type de concours. Seulement la fréquence et le nombre étaient plutôt conséquents, et l’origine toujours la même. Plusieurs personnes ont vu l'arbitre aller voir les tableaux de match et, voyant que « son » tireur était en danger, il a utilisé cette ruse. Un tour de passé est un tour de gagné. Il faut préciser que lorsqu’il n’est pas arbitre, ce monsieur est le coach d’un des clubs flamands présents au championnat. Ce fait n’est pas rare : les arbitres sont eux-mêmes archers, voire présidents de clubs de tir à l’arc. Il n’y a donc rien d’illégal là-dedans. Renseignement pris, cela s'est déjà passé il y a 3 ans : la même accusation fut portée, cette fois-là le tireur a pu et bien voulu changer de pantalon. Le soir du dimanche, la ligue flamande proposait un formulaire de plainte pré-rempli contre le club organisateur pour divers manquements. De plus, dès le samedi soir, après l’annulation, une nouvelle invitation pour les championnats de Belgique à MERKSEM (en région flamande) les 8 et 9 mars 2014 était lancée. Elle a été retirée du site de la ligue flamande le lendemain. Nos clubs francophones ont besoin d’un minimum de 6 mois pour obtenir un local, un an pour nous (ABA). Tout ceci nous fait furieusement penser à un coup monté bien organisé de la part d’un groupuscule d’extrémistes. Un formulaire de plainte contre le club organisateur (ABA) pour manquement est disponible sur le site de la ligue flamande, formulaires qui seront transmis à la ligue belge. De notre côté, le club ABA a déposé une plainte au tribunal de Nivelles pour mise en danger de la vie d’autrui, appel à l’émeute et xénophobie. Je finirai en demandant une chose : ne mettons pas tout le monde dans le même panier ! Tous les Flamands ne sont pas des conspirateurs… Les sportifs présents étaient BELGES, les conspirateurs furent un groupuscule d’extrémistes flamands (auquel nous, les Wallons, donnons souvent le sobriquet de « flamingants »)
